Conseil d’Administration du CNFPT du 25 janvier 2012
Rapport sur la situation en matière de Développement Durable
Présentation de Christine JOSSET-VILLANOVA
Monsieur le Président, chers collègues,
Le document dont vous avez été destinataires répond, comme vous le savez, à l’obligation, fixée dans la loi Grenelle II et faite aux collectivités territoriales de plus de 50 000 habitants, de présenter un rapport sur le développement durable au moment du débat d’orientation budgétaire.
Cet exercice est une première du genre pour notre établissement. Au-delà de son aspect réglementaire, il témoigne du chemin parcouru, depuis le lancement de notre Projet National de Développement.
Souvenez-vous : Le 27 avril 2011, devant cette même assemblée, je rappelais que la prise en compte du développement durable au CNFPT avait débuté en 2005 mais qu’elle s’était considérablement renforcée depuis l’élection de François DELUGA à la Présidence du CNFPT. En effet, il a marqué d’emblée cette priorité pour le CNFPT en décidant de confier aux Administratrices de l’UNSA - donc à Brigitte LERONDEL et à moi-même - la charge de cette mission spécifique puis en créant une Direction du Développement Durable. A ce propos, permettez moi de saluer une fois encore l’expertise et l’implication sans faille de Ari BRODACH, notre Directeur du Développement Durable.
De fait, des objectifs et une feuille de route ont été clairement fixés dans notre PND dès septembre 2010. Ainsi, notre Conseil National d’Orientation s’est saisi de ces questions et des moyens sont mobilisés pour y répondre. A cet égard, j’ai plusieurs fois ici même fait mention de la dynamique qui anime le groupe de travail Développement Durable du CNO grâce aussi à la grande motivation de notre collègue et ami Jean-Pierre JARRY.
C’est donc le fruit de toutes ces décisions que nous commençons à récolter aujourd’hui.
Je vais donc rapidement revenir sur nos résultats en les abordant autour de 3 axes et en me concentrant sur les perspectives qu’ils ouvrent pour notre établissement :
La méthode d’abord. Car vous le savez, en matière de développement durable, les finalités comptent autant que la qualité, participative notamment, de notre démarche.
L’éco-responsabilité ensuite. L’exemplarité que nous recherchons dans notre gestion est un facteur essentiel pour notre légitimité à former les agents territoriaux au développement durable. C’est aussi un élément d’amélioration du bien être au travail et de réponse aux enjeux économiques posés par la baisse du taux plafond de la cotisation des collectivités.
Les formations enfin. Car les attentes des collectivités sont de plus en plus précises, en termes d’accompagnement des politiques publiques de développement durable, de réponses aux nouvelles exigences réglementaires et de professionnalisation de leurs agents.
Revenons, dans un premier temps, sur les effets de la méthode mise en place pour concrétiser l’objectif 5 de notre PND. J’ai tenu en effet à ce que le développement durable, en réponse aux missions qui m’ont été confiées, inspire l’ensemble de nos politiques : c’est pour ces raisons que tous nos documents d’orientations, du Schéma directeur des Systèmes d’Information au projet de Réseau des Instituts, en passant notamment par notre politique d’achats, déclinent des orientations de développement durable. En termes de méthodes, mon ambition est aussi de mobiliser la part la plus grande possible de nos agents autour de notre démarche de développement durable : c’est à cette fin qu’un réseau de référents carbone est constitué, que des référents développement durable sont en cours de désignation dans chacun de nos pôles de compétence, que des dispositifs de concertation ont été mis en œuvre lors de nos 11es rencontres de cadres à Angers ou qu’un portail spécifique est créé sur l’intranet. Ces agents, ambassadeurs de notre politique, vont bénéficier, grâce à l’appui du Centre de Formation Interne, de formations dédiées en 2012, pour leur permettre d’animer la réflexion dans leurs structures et de poursuivre la capitalisation des bonnes pratiques. Je suis persuadée que la réussite de notre stratégie de développement durable passe avant tout par la valorisation des potentiels et des compétences des agents de notre établissement. Et si cet objectif est fixé, cela indique aussi qu’un travail important doit être engagé avec notre direction des ressources humaines pour compléter notre action.
En plus d’être collective, notre politique s’ancre dans les territoires. Autour de partenariats structurants, en intégrant des réseaux de collectivités engagées, le CNFPT a affirmé, en 2011, sa volonté de répondre le plus qualitativement possible aux besoins de professionnalisation des agents.
Au-delà, les partenariats engagés sont des vecteurs d’innovation : là où trop de questions demeurent sans réponse, lorsqu’on aborde la dimension sociale ou économique du développement durable, le CNFPT construit avec l’ADEME 45 sessions de formation sur la précarité énergétique, qui vont être proposées par toutes nos délégations en 2012. On construit, à l’heure où nos déchets doivent devenir des matières premières pour permettre à nos territoires de maintenir leur développement, des événementiels dédiés à l’écologie industrielle et aux coopérations entre les acteurs économiques, afin de donner aux agents territoriaux les clés pour piloter ces démarches.
Globale, stratégique, collective, innovante et partenariale. Voilà ce que je retiens de la méthode déployée en 2011 pour concrétiser les objectifs fixés par notre Président. Pour la prolonger, il me semble utile de consolider notre dispositif de pilotage et de démultiplier les actions d’accompagnement des structures par la direction développement durable.
Revenons maintenant aux démarches d’éco-responsabilité. Vous l’avez lu dans notre rapport de développement durable, le bilan carbone a permis de dresser l’état des lieux des conséquences environnementales de notre activité et de fixer des thèmes prioritaires : nos déplacements, la gestion de notre patrimoine et notre politique d’achats. La démarche se révèle être un outil pertinent d’aide à la décision : les profils environnementaux produits pour chaque structure ont pu nourrir les discussions lors des conférences budgétaires en priorisant des domaines dans lesquels les économies réalisées permettent d’alléger notre empreinte climatique. Et les bonnes pratiques ont pu être recensées et parfois évaluées, révélant la valeur ajoutée sociale de nos choix en matière de développement durable, à l’instar des exigences fixées dans le marché d’entretien ménager du siège, qui permettent de réduire drastiquement l’usage des produits susceptibles d’affecter la santé des agents. A ce titre, il convient aussi de noter que lorsqu’un donneur d’ordre comme le CNFPT fixe de telles exigences, c’est l’ensemble de l’activité du prestataire qui est influencée positivement.
Autrement dit, nos choix en termes d’achats créent des cercles vertueux en incitant les entreprises à adopter des pratiques sociales et environnementales plus performantes, qui renforcent dans le même temps leur légitimité sur un marché concurrentiel.
En 2012, nous nous fixons des priorités relatives à la dématérialisation de nos procédures et à l’optimisation de nos déplacements. Un guide méthodologique et un accompagnement seront proposés aux délégations régionales et aux instituts afin qu’ils mettent en place des Plans de Déplacements incitant les agents, les stagiaires et les intervenants à faire le choix des mobilités douces ou collectives.
Pour terminer, je reviens sur la prise en compte du développement durable dans l’activité de formation. Celle-ci progresse dans différents domaines : le chantier de révision de nos référentiels de formations d’intégration se concrétisera au second semestre 2012. Les offres nationales harmonisées sont désormais programmées, avec des scénarios pédagogiques conçus en concertation avec les collectivités :
Ainsi en est-il des 3 itinéraires métiers dédiés à la prise en compte du développement durable pour les ouvriers polyvalents (199 JF - Journées de Formation programmées), les responsables de bâtiments (180 JF), les ingénieurs infrastructures (250 JF).
De même, existe désormais une première approche du « volet social » du développement durable par la mise en place de stages, respectivement sur la lutte contre la précarité énergétique et sur la prise en compte du développement durable dans les activités du travailleur social (240 JF au total).
Enfin, nous disposons aujourd’hui de 2 itinéraires thématiques dédiés à la mise en place de politiques territoriales de développement durable (158 JF) et à la concrétisation de stratégies « zérophyto » (267 JF).
Donc, en 2011, plus de 4000 journées de formation étaient dédiées ou prenaient en compte le développement durable. Si l’offre est prédominante dans le domaine technique, elle émerge cependant dans des secteurs porteurs d’innovation sociale et économique : restauration collective et lutte contre les exclusions par exemple. C’est cette tendance qu’il s’agira de conforter en 2012, en parallèle d’un chantier de révision de notre référentiel métier qui donnera toute sa place à la réflexion sur les effets du développement durable pour les compétences des agents et grâce à l’engagement d’une réflexion sur la labellisation « développement durable » de notre offre. Notre action se veut, là encore, aussi pragmatique qu’ambitieuse, concrète et transversale.
Pour conclure, je souhaite souligner - car c’est là un enseignement fondamental de ce premier rapport de développement durable - que le sillon, bien que parfois sinueux, est désormais tracé. Nous sommes engagés sur la voie d’une transformation importante de notre activité, qui concerne directement nos missions de service public et modifie, en lui conférant une dimension toujours plus partenariale, notre relation aux collectivités.
Nous sommes à quelques semaines du sommet de la terre de Rio, qui doit fixer une nouvelle feuille de route de développement durable 20 ans après l’adoption du premier plan d’action partagé par 192 États. Les « générations futures » auxquelles s’adressait ce premier sommet de la terre ont désormais 25 ans. Elles constatent, en même temps que leurs ainés, que nos sociétés sont désormais confrontées à des enjeux qui questionnent la pérennité même de leur développement : les changements climatiques sont en cours, l’Agence Internationale de l’Energie annonce la fin du pétrole bon marché dès 2020 et les tensions sociales associées à l’intensification des pratiques libérales, spéculatives et structurellement inéquitables remettent en cause l’ensemble des règles et des critères qui ont fondé notre vision de la richesse, basée sur une croissance matérielle et une société d’abondance.
Or, les territoires ont un rôle fondamental, nous le savons, pour trouver des réponses locales à cette crise systémique. Et leurs politiques de développement durable y contribuent fortement. Elles permettent l’émergence de pratiques innovantes et renouvellent celles de la démocratie locale. Elles servent ainsi l’objectif fondamental d’adaptation à un monde dont l’évolution va augmenter irrémédiablement - si rien n’est fait - notre vulnérabilité économique et sociale. En accompagnant les collectivités locales et leurs agents dans cet effort fondamental d’adaptation, le CNFPT répond pleinement à ses missions de service public, en défend les valeurs et sert l’intérêt général. C’est un résultat collectif dont nous pouvons être fiers.