Avril : Au fil de la retraite !

Avril : Au fil de la retraite !

Alors que la réforme des retraites de 2023, portée sans vote par le gouvernement Borne via le 49.3, continue de cristalliser les tensions, un « conclave » voulu par François Bayrou tente de renouer le dialogue entre partenaires sociaux. Mais dans un contexte international tendu et une situation budgétaire fragile, le processus semble déjà vaciller : l'avenir du système de retraite en France suscite de vifs débats.


Conclave des retraites : ce qu’il faut savoir !

 

François Bayrou a donné jusqu'à fin Mai aux syndicats et au patronat pour tenter d'améliorer la très impopulaire réforme des retraites de 2023 tout en rétablissant un retour à l'équilibre financier du système pour 2030. Mais les débats sont percutés par le contexte international et budgétaire et le conclave prend l'eau ! 

 

Ni abrogation ni suspension, mais une négociation sur la décriée réforme portée par l'ex-Première ministre Elisabeth Borne et adoptée, sans vote du Parlement, par l'article 49.3 de la Constitution. 

 

Entrée en vigueur en septembre 2023, cette réforme décale progressivement l'âge légal de départ de 62 à 64 ans, modifiant aussi le nombre de trimestres à cotiser. Actuellement de 62 ans et 6 mois pour la génération née en 1962, il doit passer à 62 ans et 9 mois le 1er octobre 2025 pour la génération née en 1963. 

 

Retraites des agents publics : l'UNSA Fonction Publique exige de vraies avancées 

 

L’UNSA Fonction Publique a participé au dispositif de dialogue social en cours sur les retraites. Pour elle, ce dispositif spécifique ne reflète pas les enjeux communs partagés par l’ensemble des régimes de retraite en termes d’équilibre et d’interdépendance des règles. 

 

L’UNSA Fonction Publique a rappelé que les agents publics ne bénéficiaient pas des mêmes possibilités de retraite progressive, que la pénibilité des agents non couverts par le service actif n’était pas prise en compte, que le gel du point d’indice générait depuis plusieurs années une baisse mécanique des pensions en euros constants, que l’usure professionnelle devait être prévenue et accompagnée, que le taux de remplacement pour les fonctionnaires devait être amélioré par une meilleure intégration des primes, que les droits familiaux des femmes devaient être comparables à ceux du secteur privé. 

 

Retraite par capitalisation, une perspective dangereuse pour notre protection sociale !

 

Le sujet a été mis sur la table par le Medef et son président Patrick Martin, dès l’annonce de l’ouverture d’un dialogue social sur la réforme des retraites, dans le cadre du désormais aussi célèbre qu’incongru « conclave » initié par François Bayrou. 

 

Une solution à la crise du financement des retraites serait le recours à la retraite par capitalisation. Finie la répartition, chacun, dans un esprit très responsable, constituerait son épargne pour ses vieux jours... 

 

On imagine, que dans un tel contexte, l’État et des congrégations caritatives mobiliseraient quelques moyens pour secourir les personnes âgées indigentes... Bref, un modèle social qui nous ramènerait à la fin du XIXème siècle ! 

 

Le mensuel « Alternatives économiques » a recensé quelques pistes de mise en place de retraites par capitalisation, lesquelles mènent toutes à plus de précarité pour les retraités modestes, à plus d’incertitudes quant à la pérennité des ressources, à plus d’inégalités. 

 

On bascule du système par répartition au système par capitalisation. Problème, il faudrait que les actifs et leurs employeurs cotisent, à la fois pour payer les pensions des retraités et pour provisionner les futures rentes pour leurs propres pensions. Pas possible ! 

 

Autre solution, interrompre le paiement des pensions des retraités. Difficile de les laisser crever de faim. Solution, la Pologne a utilisé les fonds issus des ventes des biens de l’État, liées aux privatisations, le Chili a levé des obligations d’État pour payer les retraites. 

 

On voit mal l’application de l’un de ces deux scénarios en France pour résoudre le financement du système des retraites. 

 

La création d’un 3ème pilier de retraite obligatoire par capitalisation

 

La création de ce 3ème pilier entrainerait des cotisations supplémentaires tant pour les salariés que pour les employeurs. On avait pourtant cru comprendre que Patrick Martin était farouchement hostile à toute augmentation des « charges » salariales, comprenez la part du salaire affectée à la protection sociale. Les Suédois qui ont expérimenté ce système, ont pu vérifier qu’il ne mettait pas les retraités à l’abri de la précarité. 

 

La retraite par capitalisation, par incitation fiscale

 

C’est sans doute ce qui aurait la faveur du Medef... Le système existe déjà en France mais ne concerne que 16% des actifs. S’il a séduit 50% des professions libérales, il n’intéresse qu’un ouvrier sur 10 et guère plus d’employés. C’est évident, pour constituer une épargne retraite, il faut avoir la capacité d’épargner ! 

 

Autre aspect, les produits d’épargne retraite sont plus intéressants, plus protecteurs lorsqu’on est salarié d’une « bonne entreprise » au bilan solide, que lorsqu’on est salarié-e de la distribution à temps partiel imposé, ou intérimaire ou salarié de TPE. L’Allemagne, de façon concomitante avec la mise en place des lois Hartz, a limité les cotisations retraite, au début des années 2000 pour privilégier l’incitation à la retraite par capitalisation. 

 

Résultat des courses, 16% des plus de 65 ans vivent sous le seuil de pauvreté en Allemagne, contre 10% en France... Il n’est pas sûr que cette donnée éveille quelque émotion chez Patrick Martin !

 

Téléchargement : Au fil de la retraite - Avril 2025

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