ATSEM : l'UNSA Territoriaux éclaire les députés sur le quotidien des écoles maternelles

ATSEM : l'UNSA Territoriaux éclaire les députés sur le quotidien des écoles maternelles

Auditionnée à l’Assemblée nationale, Josette Blain, représentante de l’UNSA Territoriaux pour les ATSEM a partagé son constat de surcharge de travail, mais aussi son souhait d’une progression de carrière en catégorie B.


Josette Blain représente les ATSEM (Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelles) pour l’UNSA Territoriaux. Le 17 mai dernier, elle a été auditionnée par les députés réalisant une mission d’évaluation sur l’école de la confiance (loi du 26 juillet 2019). Le questionnaire des parlementaires était court, six questions en tout. Les réponses apportées ont montré la complexité du contexte actuel du quotidien des ATSEM dans les écoles maternelles.

 

L’abaissement de l’école obligatoire à 3 ans, même s’il est plus fréquent en milieu rural, a nui à la qualité d’accueil des enfants et aux conditions de travail des ATSEM. Josette Blain a décrit les conséquences d’accueillir des enfants qui ne sont pas encore propres : nécessité d’abandonner les activités en cours pour changer les couches souillées, sans table à langer, parfois à même le sol, plusieurs fois par jours. Jusqu’à 10 enfants par classe peuvent être concernés. Cela génère souvent des tensions avec l’enseignant. En outre, les ATSEM constatent que les parents se reposent aussi sur l’école pour apprendre à l’enfant à être propre.

 

Josette Blain, représentante UNSA Territoriaux, devant l'Assemblée Nationale

Josette Blain, représentante UNSA Territoriaux, devant l'Assemblée Nationale ©UNSA Territoriaux

 

Les aménagements d’assiduité pour les élèves de petite section ne permettent pas de respecter le rythme des enfants et leur bien-être. Sous ces termes technocratiques « d’aménagements d’assiduité » se cache une réalité difficile à vivre pour eux sous couvert d’obligation à rester toute la journée à l’école. Il leur est en effet demandé, en permanence, de se dépêcher pour suivre le rythme des enfants de moyenne section, et même d’interrompre leur sieste, alors qu’à leur âge, ces étapes de la journée sont indispensables. Beaucoup d’élèves sont concernés ; 14 dans la classe de Josette Blain. La représentante de l’UNSA Territoriaux estime que les enfants de 2 ans devraient préférablement être en crèche plutôt qu’en école maternelle.

 

Concernant les formations dévolues aux ATSEM, elles existent et sont accessibles à ces agentes, majoritairement des femmes.

 

1 ATSEM sur 2 débute sa journée de travail en étant épuisée

Le fonds national de prévention (FNP) de la CNRACL vient de publier une enquête concernant les conditions de travail des 55 000 ATSEM de France et sa recommandation. 62% des ATSEM interrogées estiment que leur travail a un impact négatif sur leur santé physique et/ou psychologique. Près d’une sur deux déclare commencer sa journée en étant épuisée. Les ATSEM sont particulièrement exposées aux accidents de service et aux maladies professionnelles, plus encore dans les collectivités de petite taille. Sont en cause principalement les deux familles suivantes de risques : manutentions manuelles et contraintes posturales ; chutes de plain-pied ou de hauteur.
La rémunération demeure, de loin, le facteur de déficit de reconnaissance le plus important pour 79% des répondantes.

 

Évoquant l’évolution statutaire, Josette Blain a insisté sur la nécessité de créer une catégorie B dans cette filière, avec un taux horaire annuel diminué et une reconnaissance de la pénibilité. En outre, elle a souligné à nouveau l’indispensable participation aux réunions des équipes éducatives et aux conseils d’école avec voix délibérative. Ce serait la reconnaissance du rôle d’assistance à l’enseignant dans l’accompagnement pédagogique qui serait ainsi valorisée.

 

La dernière question des membres de la mission d’évaluation a porté sur le recrutement conjoint d’Accompagnants des Elèves en Situation de Handicap (AESH) par les collectivités territoriales et l’Etat pour assurer la continuité de la prise en charge des élèves. Josette Blain a rappelé qu’aujourd’hui, les ATSEM s’occupent de tous les enfants d’une classe, porteurs ou non d’un handicap, en attendant que soit nommé un AESH pour chaque enfant doté de la notification de la MDPH. Or, le délai entre le moment où un diagnostic est posé et l’arrivée de l’AESH dans la classe est important. Ceci aboutit, pour les ATSEM, à pallier l’absence d’AESH pendant au moins un an et demi. En outre, les ATSEM constatent l’augmentation du nombre d’élèves avec des troubles du comportement. Aujourd’hui, beaucoup d’ATSEM se déclarent épuisées et usées par cette surcharge de travail et envisagent de démissionner pour devenir AESH afin de se concentrer sur un seul enfant. 

 

Par conséquent, la revalorisation prévue du statut des AESH en ARE, accompagnants à la réussite éducative, ne pourra se faire au détriment de la revalorisation du statut et des conditions de travail des ATSEM.

 

La charte des ATSEM enfin signée par l’Éducation nationale

Il a fallu que les ATSEM se mettent en grève, à la rentrée scolaire de septembre 2022, et à l’initiative de l’UNSA Territoriaux, pour que le ministère de l’Éducation nationale comprenne l’intérêt d’adopter les outils qui lui avaient été proposés par les ATSEM. C’est ainsi que la charte, où la contribution de Josette Blain pour l’UNSA Territoriaux avait été majeure, a été reprise par la direction générale de l’enseignement scolaire (DGSCO). Cette dernière a toiletté la charte, qui s’appelle désormais « charte d’engagement ». L’association des maires de France (AMF) l’a approuvée. Reste désormais à faire signer les ministres de l’Éducation nationale, de la Fonction publique et des Collectivités territoriales ainsi qu’au CNFPT. Mais cette charte ne résoudra pas tout, comme a constaté Josette Blain.

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